Olivier Mardi : du théâtre à l’entrepreneuriat, il n’y a qu’un pas

Adolescent, Olivier Mardi rêve d’une vie d’artiste. Á 19 ans, il « monte à Paris » pour se faufiler dans le milieu de la production audiovisuelle. 30 ans plus tard, c’est à la tête de Zorba Group qu’il nous partage son CV.

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Il connaît sans doute mieux le monde du cinéma que celui de l’entrepreneuriat. Pourtant, Olivier Mardi est aujourd’hui à la tête d’un groupe de 50 personnes et en fait travailler près de 1 800 chaque année. Après un passage express à l’école du Prytannée de la Flêche, [école créée par Henri IV qui prépare aux grandes écoles scientifiques], celui qui a quitté le nid familial à seulement 14 ans, ne prendra pas le chemin de la « carrière d’État toute tracée », comme il le raconte. « Ça n’était pas fait pour moi. Pendant mes études, j’avais fait quelques stages sur des tournages, rencontré des acteurs. C’est un univers qui m’attirait beaucoup plus ».

« De 1989 à 1991 j’ai été assistant de prod’ », Olivier Mardi

Si les univers du théâtre ou du cinéma le titillent, à l’époque, il ne peut s’appuyer sur son carnet d’adresse ni ne fréquente les cafés branchés parisiens dans lesquels croiser le « beau monde ». Á la fin des années 80, et à seulement 19 ans, il pose ses valises à Paris pour se rapprocher de boîtes de production. « De 1989 à 1991, j’ai été assistant de prod’. Je prenais aussi des cours de théâtre à côté pour apprendre à travailler un texte, à décoder les auteurs. Les gens que j’ai rencontrés durant cette période, comme Didier Sandre, m’ont connecté à l’univers du cinéma et du théâtre ».

S’ensuit alors une carrière « d’artiste », de 92 à 97. « Intermittent », pour le statut. Mais après avoir créé plusieurs compagnies de théâtre, joué du Boris Vian, est venu le temps de l’essoufflement. « Je vivais très mal les conditions du théâtre, surtout en ayant deux enfants », se souvient-il. Pour ne pas quitter ce monde qu’il avait toujours rêvé d’intégrer, Olivier rejoint alors le Centre européen de la formation à la production de films. Un moyen d’étudier toutes les phases de développement d’un projet à l’échelle européenne, et d’acquérir une vision plus « business » du métier. « Ça m’a permis de croiser les gens de chez Canal+, Arte… et de rencontrer mon futur associé, sans même le savoir », raconte-t-il.

Zorba Group, un positionnement de marque pour se différencier des grands groupes

Á la fin de sa formation en 1999, Olivier Mardi prend le chemin de la production de clips, pubs, documentaires et autres courts-métrages. Une expérience qui durera jusqu’en 2004, année de création de Zorba. « J’avais rencontré Guillaume de la Boulaye lors de ma formation au CEFPF. 5 ans plus tard, je l’ai rappelé pour faire un film. Il a dit oui, pour le film, et pour devenir mon associé ».

Une création d’entreprise qui fait sens. « Finalement, j’ai toujours aimé raconter des histoires, et avec Zorba, c’est ce que l’on fait ». De la campagne de communication de Lancôme au design de « l’expérience scientifique » d’Essilor, l’entreprise produit du contenu sur tout type de support. Mais pas à n’importe quel prix. Avec un positionnement cher, l’entrepreneur avoue ne pas travailler avec n’importe qui. « On fait du sur-mesure. C’est sans doute ce qui nous différencie des grands groupes de communication qui souffrent, car ce sont des exécutants. Ils n’ont pas le temps de faire vivre le projet, de laisser libre cours à leur créativité », ajoute-t-il.

Pour marquer sa différence, le groupe avance avec son temps. « On essaie toujours d’être à l’avant-garde des technologies. Aujourd’hui, les marques sont de plus en plus amenées à produire du contenu expérienciel, proche du gaming. On essaie d’innover, on est à l’affût de tout ce qui sort ».

Du brand content au brand entertainment

« Quand on est arrivé sur le marché de la communication, on ne venait pas du monde de la pub mais de celui de la production de contenu, de films. Ça a donné lieu au story-telling des marques, avec le brand content. Aujourd’hui je crois encore plus au brand entertainment ».

Un état d’esprit créatif, proactif, qu’Olivier Mardi tente d’insuffler dans son entreprise en offrant un espace de liberté à la nouvelle génération. Á la tête d’une entreprise de plus de cinquante personnes, réparties entre la France et l’Asie, cela ne l’empêche pas de se remettre en question, constamment. « Je suis le premier stagiaire de ma boîte », avoue-t-il. « La jeune génération est très créative et a besoin qu’on lui laisse la parole. Les jeunes nous challengent sans cesse, c’est très excitant. Il faut apprécier la co-créativité en entreprise, c’est essentiel pour réussir ».

Zorba Group : 
Création en 2004
50 collaborateurs 
Présence à Paris, Shangaï, Singapour

Alors, entrepreneur ou artiste ?
« Ce qui est sûr, c’est que je suis un mauvais manager ! Mais je sais donner envie. Je sais transmettre mon appétit de certains projets et c’est ça qui embarque l’équipe. Il y a une émulation collective derrière qui nous challenge et qui donne vie aux projets. Disons que je suis un raconteur d’histoire, et que mes associés sont complémentaires ».