Economie de la mer

  • 06 juillet 2016
  • Temps de lecture: 5 min

Quand la mer fait des vagues

La mer constitue un des tout premiers secteurs d’activité du pays. Les activités qu’elle génère, diverses et variées, sont promises à un fort développement qui s’appuie sur l’innovation et qu’il faut pouvoir accompagner.

Economie de la mer

Avec près de 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et 310 000 emplois hors tourisme, la mer représente l'un des premiers secteurs économiques en France. Elle se place comme on pourrait ne pas s’y attendre devant l’industrie automobile (environ 55 milliards d’euros selon le Comité des constructeurs français d’automobiles) ou encore l’aéronautique (58 milliards d’euros selon le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales). Prises dans leur ensemble, les activités maritimes ne se présentent pas seulement comme un poids lourd de l’économie française. Dans les dix prochaines années le montant du CA réalisé comme celui des emplois générés, pourraient doubler selon le ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer. Un poids lourd donc, mais un poids lourd à fort potentiel de développement auquel l’Etat a décidé de donner un coup de pouce en lançant fin 2015 le plan d’action pour la croissance bleue.

Economie de la mer en chiffres

Une croissance basée sur l’innovation

Cette croissance à venir, c’est avant tout sur l’innovation qu’elle repose, une innovation boostée par les deux pôles de compétitivité labellisés de rang mondial que sont le Pôle mer Bretagne Atlantique et le pôle mer Méditerranée. Depuis leur création en 2005, l’un comme l’autre n’ont cessé de voir grandir leur influence. Le premier compte 332 adhérents, dont près de 200 PME et ETI, 246 projets labellisés représentant un investissement en R&D de 782 millions d’euros dont 212 millions d’aides publiques. Le second affiche un bilan similaire, près de 400 membres, dont 200 PME et ETI, 290 projets labellisés pour 768 millions d’euros d’investissements dont 253 millions financés par le public. A eux seuls, les deux pôles génèrent plus de 1,5 milliard d’euros de financements en R&D. Des chiffres qui tiennent compte du fait que les deux pôles se sont rapprochés et mènent des projets en commun afin d’éviter les redondances.

Structuration d’un écosystème

« On a fait un joli bout de chemin, c’est une belle aventure, on contribue à ce que l’économie maritime dans sa globalité soit reconnue, les chiffres parlent d’eux-mêmes », savoure Patrick Poupon, le directeur du pôle Bretagne. Mais, les domaines d’activité liés à la mer sont aussi variés que l’océan est vaste. Il y a les activités traditionnelles, telle la pêche, la navigation, les infrastructures de transports et, d’autres filières qui émergent ou se consolident, comme la sûreté et la sécurité, les énergies renouvelables marines, les ressources minières, les biotechnologies marines ou encore, la protection de l’environnement et la lutte contre les pollutions. Autant de domaines dans lesquels se déploie l’innovation.

Innover et produire moins cher que les concurrents

eolienne

La difficulté ou l’opportunité, est que les marchés sont mondiaux et donc très concurrentiels. Dès lors, comment bien mener sa barque quand on est entrepreneur pour prendre des positions ? En innovant bien sûr, mais en développant les bonnes idées. A La Ciotat (Bouches-du-Rhône) par exemple, la startup Idéol a joué sur les coûts pour se démarquer de ses concurrents. Elle a mis au point un flotteur capable de supporter tout type d’éoliennes en mer. « Notre souci était de concevoir un flotteur moins onéreux que ceux de nos concurrents qui, pour la plupart, utilisent de l’acier. D’où notre choix du béton, moins cher sur le marché des matières premières », explique son Pdg, Paul de la Guérivière.

Valoriser la recherche fondamentale

Molecule

A Roscoff dans le Finistère, Manros Therapeutics développe un candidat médicament aujourd’hui en phase d’essai clinique, pour lutter contre la mucoviscidose. Pour cela, elle s’est appuyée sur les travaux du laboratoire de biologie du CNRS de la ville qui avait mis en évidence les propriétés d’une molécule contenue dans les œufs d’étoiles de mer. « Nous avons pris des licences d’exploitation sur des brevets déposés par le CNRS », confie son fondateur Laurent Meiijer. Première biopharma sur ce secteur, l’entreprise se développe grâce à la valorisation des travaux de la recherche scientifique.

La coopération avec les grands groupes

L’innovation dans le domaine de la mer, c’est aussi le fruit de la coopération et du partenariat entre grands comptes et PME ou ETI innovantes.C’est ainsi qu’à La Garde (Var), Cesigma a conçu un système capable de repérer et de projeter des sons ou des signaux lumineux stressants en direction d’embarcations navigant sur des zones sensibles, qu’elles soient civiles ou militaires, situées jusqu’à 2 nœuds nautiques (3,6 kilomètres) des côtes. L’objectif du dispositif est l’intimidation.

Les technologies digitales sources d’innovations maritimes

Et puis, l’innovation dans le domaine de la mer tire aussi parti des technologies digitales développées dans d’autres domaines d’activité. A La Seyne-sur-Mer encore, Prolexia a mis au point une plateforme logicielle unique, permettant de développer des simulateurs 3D, des systèmes de pilotage complexe de robots aussi bien maritimes que terrestres. Avant de créer l’entreprise, Stéphane Nicolas travaillait dans une société de services informatiques proposant des produits similaires. « A chaque fois il fallait développer un socle logiciel pour ensuite s’attaquer à la partie intéressant réellement le client, c’était une perte de temps dans un monde où il faut aller très vite », dit-il. La plateforme ne lui permet pas seulement de sortir des solutions moins chères, mais de les proposer dans des délais relativement courts.

Le financement de la R&D

En plein développement, les nouvelles filières maritimes bénéficient du soutien financier des pouvoirs publics. Le programme investissements d’avenir opéré par Bpifrance, permet d’accompagner la R&D dans des domaines comme par exemple les énergies renouvelables en mer ou le navire du futur. « Bpifrance fait le relai entre des politiques nationales et une réalité de terrain » observe Patrick Poupon. Car après les phases de R&D vient le temps du développement commercial y compris à l’international. Il ne faudrait pas que dans la compétition mondiale, les entreprises françaises restent à quai.